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06/04/2008

Un doux souvenir de mygale (3/4)

Le lendemain matin, je pars en direction de la cascade de Peguche, une très belle cascade en bordure de la ville avec l´intention de me rapprocher de l´Imbabura, une des grandes montagnes qu´on voit depuis Otavalo. Il a tellement plu ces derniers mois qu´il est impossible de regarder la cascade en face, elle arrose généreusement tous ses visiteurs.
Je repars dans des sentiers de traverse au milieu des eucalyptus, en direction de la montagne, traverse un petit chemin ou deux garçonnets emmènent deux vaches noires, et reprend a flanc de montagne au bord de prés cultives. Tout en haut, un petit village, au loin, devant moi, la grande montagne. Je m´éloigne du sentier, attirée par une maison en terre qui semble abandonnée. A mes pieds, un trou dans la terre d´une dizaine de centimètres de diamètre m´arrête tout net. J´ai l´impression d´y voir bouger lentement de grandes pattes noires que j´identifie immédiatement comme celles d´une mygale. Je ne sais pas s´il y en a dans la région, mais je ne prend pas tellement la peine de vérifier. J´apprends plus tard que c´est tout a fait possible a cet endroit, pas trop éloigné de la cascade, dont l´humidité est très appréciée de ces petites bêtes. Après avoir appris a mes dépends qu´ici, il ne faut jamais s´aider des mains pour grimper dans les montagnes, surtout sans regarder, car on risque très souvent d´épineuses surprises, je déduis qu´il n´est également pas forcément une bonne idée de marcher en dehors des sentiers, si ténus soient-ils. Donc, je me remets sur le droit chemin, tant pis pour la maison en terre que j´avais bien envie d´explorer. J´en ai pourtant croisé quelques unes, des mygales. Mais, dans la chambre de mon amie Sylvie qui en faisait des élevages au collège, ça faisait pas le même effet. Je me souviens, elle mettait chaque bébé mygale dans un petit pot séparé des autres, parce-que sinon, ils se prennent pour des biftecks. J´ai appris a cette époque de nombreuses choses tres passionnantes sur les mygales. Notamment, qu´avant de féconder une femelle, le male tremble de peur, et que pendant l´accouplement, il est obligé de lui retenir ses membranes venimeuses pour travailler tranquillent. Une fois qu´il a fini, il déguerpit, et s´il ne court pas assez vite, il succombe sous la fougue venimeuse de sa partenaire.

José, qui vivait dans la région où je marchais ce jour-là, m´a raconté à l´occasion de cette anecdote, le souvenir d´une mygale qu´il avait trouvée quand il était petit. Il était avec son grand-père, qui lui a demandé s´il voulait la ramener a la maison. José ne savait pas trop, alors son grand-père s´est mis a parler à la mygale. “Bonjour, qu´est-ce que tu fais la? Est-ce que tu voudrais venir vivre avec nous a la maison?” Le grand-père semblait écouter attentivement la réponse de la mygale, puis il a regardé José et a dit: “Tu peux la prendre, elle est d´accord pour venir avec toi.” Sur quoi, le grand-père est parti, laissant José avec la mygale. Il est resté à regarder la mygale toute l´après-midi, sans oser la toucher. Puis il est reparti sans la mygale. Mais avant d´arriver chez son grand-père, il a fait demi-tour. Ce n´était pas un ordre de prendre la mygale, mais c´était une parole de grand-père. Alors José a attrapé le corps de la mygale du bout des doigts, et est rentré a la maison avec elle. Lorsque son grand-père l´a vu avec la mygale, il lui dit que ce n´était pas ainsi qu´il fallait porter l´araignée, que s´il l´attrapait trop fort, elle risquait de se fâcher. Pose-la, je vais te montrer comment il faut faire. L´araignée retrouva le sol, et le grand-père posa sa main a plat par terre et dit a la mygale: “Tu peux monter!”. Et la mygale est allée s´installer dans la main du grand-pere. Elle a fait son nid pas loin de la maison des animaux, et est restée avec dans la maison pendant de nombreuses années. José ne se souvient pas comment elle disparut un jour.

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