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30/01/2008

Où il coûte plus cher d´être une gringa. Gringolandia

Où il coûte plus cher d´être une gringa

Nous partons avec Anita à la recherche d´un appartement pour José et moi. Au début, ça n´est pas compliqué, il suffit de se promener et chercher une petite pancarte où on peut lire "se arriende un appartimiento". On en a visité deux ce matins, un à 100 dollar, un autre à 130, mais aucun nous a plu. De fil en aiguille, nous avons trouvé une autre annonce dans une rue qui nous plaisait, tranquille. Il se loue 100 dollars, mais les propriétaires reviennent seulement le soir, à 19 heures. On regarde, il est tout en haut de la maison au 3ème étage. De là on voit seulement la terrasse, et on sent que ça sera bien là-haut. Après une balade dans le quartier qu´on appelle Gringolandia, on revient  vers huit heures. Le propriétaire nous fait la visite. Il y a une grande terrasse, et rien au dessus de l´appartement. Le sol est en parquet dans toutes les pièces, il y a un salon, une cuisine et deux chambres, avec des grandes fenêtres de tous les côtés. Ca nous plaît énormément, pour vivre et faire un atelier, c´est parfait. Seulement, quand on lui redemande le prix, il est soudainement passé à 150 dollars ¡ De quoi nous décourager. Après négociations, José l´obtient à 130, mais le propriétaire dit qu´il ne fera pas moins. Il nous dit que c´est avec l´eau, l´électricité, la sécurité, ect. Après renseignements, on apprendra qu´ici, ça ne coûte presque rien l´eau et l´ électricité. Enfin, en Equateur, c´est une tradition de monter les prix, pour ensuite les redescendre, mais les redescendre jusqu´au prix normal. Mais là, ce qui me fait tout drôle, c´est que l´augmentation n´a pas d´autre raison que le fait que je sois... une gringa. Ca m´ énerve, mais c´ est comme ça. J´ai soudain une vague idée de ce que ça peut faire d´avoir la peau mate, de ne pas parler bien le français et chercher un logement en France. Et aussi d´avoir la peau blanche, ne pas parler bien l´espagnol et chercher un appartement en Equateur.

 

Gringolandia 

Au bord d´un boulevard bruyant, les bus défilent avec des noms de destinations inconnues avec des centaines de voitures . Il faut agiter un bras de haut en bas, et courrir très vite, car les bus rallentissent à peine, des fois même pas, et monter le plus rapidememt possible. Aussi, le bus vous prends n´importe où, et vous lâche également n´importe tout, par exemple au milieu de quatre voies de voitures. Aujourd´hui il pleut à Quito, et aussi un peu dans le bus. Traversée de la ville du sud au nord, défilé des quartiers les plus populaires aux plus riches, on s´approche de Gringolandia. Le quartier des touristes occidentaux et nord-américains. Et là, plus rien n´indique qu´on est en Equateur. On dirait l´Europe, mais dans les années soixante-dix à cause des immeubles à l´architecture un peu désuette.

On s´arrête dans un café de jus de fruits, de toutes les couleurs, vert pomme, rose fushia, et des fruits partout. José me fait une explication détaillée de tous les fruits que je ne connais pas: naranjilla, guanabana, tomates d´arbre. Au final, je lui demande de choisir pour moi. José me dit que maintenant il me comprends. En France, c´est toujours moi qui me plonge dans d´interminables explications pour qu´à la fin, josé me dise "Choisis, toi". Evidemment, c´est un peu décevant.

Mais ne cherchez pas à Quito le quartier de Gringolandia, c´est le nom que José lui donne à cause des très nombreux touristes concentrés là-bas. La quartier s´appelle Mariscal.

 

 

Quito, La cabaña de Papa Segundo, les chiens et la laitière

 Arrivée à Quito

Aéroport de Quito. Aterrissage en plein centre ville. On monte dans un taxi jaune d´oeuf, couleur de tous les taxis de Quito, me précise José. Pas de ceintures, ça sera un peu plus sportif encore et c´est parti. José me montre une grande maison verte juste en face de l´aéroport, c´est celle où vit son père.  Et au coin de la rue qui suit, il me crie : regarde, regarde, c´est lui mon père ¡ Je me colle à la fenêtre, pas moins impressionée qu´une poule ayant trouvé un couteau par l´indien aux longs cheveux très blancs qui se tient prêt à traverser la route. Le papa de José.

Le taxi claxonne très sereinement à tout va, comme il se doit. Le slalome est de rigueur dans chaque rue de la ville. José prend quelques nouvelles de la politique auprès du chauffeur qui soupire "le pays va mal, mal..." Le président veut rendre obligatoire la déclaration des revenus, et donc les impôts, pour les personnes gagnant plus de 7000 dollars par ans. Somme considérable pour un équatorien (le salaire d'un employé est de 150 dollars mensuels ). Il dit que le gouvernement doit d´abord construire des écoles et des hôpitaux, et ensuite il veut bien payer. Car, poursuit-il, ce sont les riches qui font tout dans ce pays. Pour lui, la politique de Correa, qui voudrait réduire les fossés sociaux, fait courrir le pays à sa perte. L´ avocat de Correa vient d´être assassiné il y a quelques jours. Les propositions qu´a reçues José de travailler au ministère de la culture finissent de le laisser hésitant.


 Las cabañas de Papa Segundo 

Après notre arrivée chez Anita, à Gataso, quartier populaire du Sud de la ville, première expédition pour manger. Il y a des petits magasins partout, et on trouve de tout partout. Mais José rêve d´une " sopita ", la soupe équatorienne avec mille choses dedans. On croise une petite chèvre qui broute tranquillement devant une maison, et au bout de la rue, on s´arrête devant une grande cabane en bois, La Cabaña de Papa Segundo. José demande au patron, un indien aux cheveux courts d´environ 60 ans, ce qu´il peut servir, en précisant que c´est mon premier jour ici. A ce que je comprend la réponse est à peu près " rien de bon pour elle ici" et il nous indique une autre adresse où je pourrais manger des choses qui me plairont. Mais la cabane me plaît tellement, que j´insiste pour rester. On s´attable devant le rouleau de câbles électriques en bois qui nous sert de table et Papa Segundo part nous préparer qulque chose de "pas trop indien". En attendant, il nous pose sur la table une calebasse de chicha, la boisson fermentée traditionnelle des indiens, où flotte une petite calebasse pour boire. On en prend un peu, mais avant de boire, on offre la chicha à Pachamama, c´est à dire la Terre, en versant un peu de boisson par terre. Devant nous, une femme discute assise à l´arrière d´un pick-up avec deux hommes, qui boivent aussi de la chicha. Dans la rue, deux cantonniers construisent un trottoir. Un petit garçon joue à côté d´eux, sans doute le fils de l´ouvrier. On se rend compte que le deuxième ouvrier est une femme. Peut-être est-ce la famille entière? Au moins, pas de souci de baby-sitting et de crèche ici ¡ Papa Segundo nous amène un plat de chocho tostado, du maïs grillé avec des fèves blanches, et de l´avocat. C´est délicieux. Je suis épatée qu´un home de cet âge cuisine aussi bien. Il précise à José qu´habituellement, le plat se sert dans un plat en terre, mais puisque je suis une gringa, il a sorti une assiette en porcelaine ¡ Il demande à José s´il est ingénieur ou informaticien, enfin, que fait-il donc de prestigieux pour avoir attrapé una gringa? José répond, " Non, je fais rien de spécial, je fais de tout, et elle m´ aime comme ça". Là, il a l´air carrément impressionné, et je crois que je viens de gagner la grâce divine. "Vaya con Dios" me dit-il en signant une croix devant moi. Comme quoi, Pachamama et le Bon Dieu font bon ménage chez Papa Segundo ¡
José a toujours envie de sopita, alors on s´apprête à s´en aller, mais Papa Segundo nous dit que pour trois dollars, il nous fait aussi la sopita. Et on le regrettera pas. La sopita est délicieuse, avec deux ou trois viandes différentes, de l´avocat, des oignons, du coriandre frais. Par dessus le marché, il m´offre une petite assiette de riz avec du porc, qui se mange après la soupe. Au bout de la rue, une montagne surplombe à quelques kilomètres de là. Quito est entourée de belles montagnes rondes, hautes et très vertes. Les dernières maisons de la ville viennent s´ échouer à leurs pieds.

Deuxième tour de taxi 

Anita qui vient juste d´enménager dans la maison où elle nous accueille, nous précise qu´elle n´a pas encore eu le temps d´acheter un matelas pour notre lit. Elle nous enmène en taxi pour en acheter un maintenant. On se pose devant la maison et on fait des grands signes à tous les taxis qui passent. Là, je comprends que le premier chauffeur était hyper zen en voiture. Après six mois passés en France, José comprend qu´il commencait à s´habituer à une conduite un peu plus rectiligne, mais à Quito, ça serait pas très agréable de conduire comme ça.

José pose encore la même question au chauffeur "Comment va le pays?". Celui-ci fait des éloges de Correa, tout va mieux. Il est content de la loi sur la déclaration des revenus, parceque les riches vont enfin payer des impôts. Et si le chauffeur de taxi de l´aéroport n´est pas content, dit-il, c´est normal, car être chauffeur de taxi à l´aéroport, c´est une place en or.

Les chiens de Quito et la laitière

Le hurlement d'un chien qui vient de se faire taper par une voiture à côté du cyber-café où j'écris en ce moment me sort brutalement de l´écran... C´est comme ça ici, il y a des chiens partout partout. Ils vivent dans la rue, sur les terrasses des maisons, glanent de la nourriture sur les trottoirs et dans les terrains vagues, dorment roulés en boule au bord de boulevards pas moins bruyant que la Canebière. Hier, un petit garçon de trois ans, donnait un gros biberon à trois chiots minuscules devant chez lui, sur le trottoir. "Lui veut pas têter" nous a t-il dit en levant les yeux vers nous, alors qu´un des chiots lâchait la tétine qui arrosait le trottoir.

Un peu plus tard, s´ arrête un pick-up avec une femme à l´arrière et pleins de gros bidons de lait, la voiture  claxonne et la jeune femme du cyber-café sort pour acheter du lait dans un sac en plastique. Le lendemaim, José me sort de cette poésie qui me ramenait au doux souvenir des boulangers ambulants ou des bidons de lait tout frais de chez Pierre... en disant que tu peux acheter du lait comme ça seulement si tu connais bien le vendeur, autrement, on te rajoute de l´eau avec ¡